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Noëlla Bugni-Dubois, militante, écrit pour les hommes qui « ont un désir sincère de se questionner et de participer à la lutte féministe »

Noëlla Bugni-Dubois nous avait dit de l’appeler à 16 heures, pendant qu’elle serait sur les routes d’Italie, direction la Sicile. Se déconnecter n’est pourtant pas un exercice facile pour la Drômoise de 31 ans. Avec plus de 54 000 abonnés sur son compte Instagram Nos alliés les hommes, elle s’est forgé depuis mai 2020 une place à part sur le réseau social : celle d’une militante proposant du contenu pédagogique à destination des hommes qui, écrit-elle, « ont un désir profond et sincère de se questionner, de changer et de participer à la lutte féministe ».
La contraception masculine, le « mansplaining », le harcèlement de rue, le viol conjugal, la virilité toxique, les violences psychologiques… Chacune de ses publications, sorte de petits lexiques conceptuels, s’articule autour d’une thématique différente, texte noir sur fond blanc. Celle qui a été la plus partagée : « Draguer vs séduire, comment éviter d’être un gros lourd ». « Souvent, ce sont des personnes qui subissent le sexisme qui relaient mes publications, dans le but d’éveiller les hommes de leur entourage », explique Noëlla Bugni-Dubois.
Sont-ils nombreux ces hommes qui veulent apprendre du féminisme ? La militante 2.0 regarde ses statistiques. « Les trois quarts de mes abonnés ont moins de 35 ans, et 41 % d’entre eux sont des hommes, ce qui est énorme pour un compte féministe, souligne-t-elle. Lorsque j’ai comparé mes données avec d’autres militantes, je me suis rendu compte qu’elles comptaient en moyenne 2 % d’hommes parmi leurs abonnés. » Un succès que l’instagrameuse attribue au ton bienveillant, mais pas complaisant, qu’elle a décidé d’adopter. « Je privilégie la confrontation douce, chaque mot que j’utilise ne doit pas être pris comme une attaque mais comme une proposition de mise en action. »
En juin 2021, Noëlla Bugni-Dubois a également créé l’association Nous sommes, qui organise des cercles d’écoute mensuels pour hommes dans une quinzaine de villes en France, mais aussi à Bruxelles ou à Genève. Dans ces espaces, les hommes sont invités à réfléchir à une thématique féministe, sous l’œil d’une médiatrice capable d’orienter la conversation et de donner des clefs de compréhension. « La présence d’une médiatrice qui subit elle-même le sexisme me paraît essentielle pour qu’ils n’aient pas la tentation du masculinisme », assume la fondatrice. Trois tarifs sont proposés aux participants : le tarif solidaire (3 euros), le tarif moyen (5 euros) et le tarif soutien (à partir de 15 euros).
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